Arrêtez de divertir votre tout-petit (et libérez son temps de jeu)

Arrêtez de divertir votre tout-petit (et libérez son temps de jeu)

No

    

     Le piège du divertissement. C'est facile pour les parents aimants de tomber dans ce piège, surtout avec leur premier enfant. Cependant, une expérience personnelle lors d'une classe de guidance parentale/infantile RIE a eu un impact profond sur l'approche de l'auteur en matière de parentalité. Avant la classe, l'auteur avait passé les trois premiers mois de la vie de sa fille à l'occuper sans cesse, pensant que c'était son devoir de l'engager chaque instant. Pourtant, pendant la classe, l'instructeur a suggéré de placer le bébé sur une couverture au sol et, à la surprise de l'auteur, le bébé était content pendant les deux heures entières sans aucune stimulation externe. Ce moment a été décisif pour l'auteur, qui a réalisé que son bébé communiquait un message crucial : "S'il te plaît, arrête de trop solliciter mon esprit, Maman. J'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir."

 

       Devenant maman pour la première fois en 2016, je me suis immédiatement demandé comment offrir le meilleur à mon bébé. Dès mon cinquième mois de grossesse, ces pensées m’habitaient déjà. Passionnée depuis toujours par le monde de l’enfance et animée par le désir de devenir mère, la question de l’éducation idéale occupait mon esprit jour après jour.

       Je savais que l’amour, la sécurité, la nourriture et un toit étaient des besoins fondamentaux, des instincts naturels pour tout parent. Pourtant, j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin. En 2016, j’ai commencé à me plonger dans l’étude de la psychologie de l’enfant et du développement du cerveau à la naissance. C’est ainsi que j’ai découvert la philosophie RIE (Resources for Infant Educarers).

       Plus j’en apprenais sur cette approche, plus je réalisais qu’au-delà de l’amour et des besoins matériels, il était essentiel de créer un environnement serein et bienveillant au sein de notre foyer. Inspirée par cette méthode et par d’autres recherches valorisant les nourrissons et les jeunes enfants en tant que partenaires égaux dans la relation parent-enfant, j’ai ressenti le besoin de partager mes connaissances.


        Aujourd’hui, forte de mon expérience et de mon apprentissage, je suis déterminée à créer un espace d’échange à travers un blog authentique et inspirant. Mon objectif : transmettre une éducation respectueuse, ingénieuse et bienveillante, accessible à tous ceux qui recherchent des conseils éclairés pour accompagner leur enfant avec amour et conscience.

        Bien que nous comprenions l’importance de faire confiance à nos bébés, en les reconnaissant comme des apprenants capables et actifs, et en leur offrant du temps pour simplement « être », les premières années de l’enfance présentent un tout nouveau défi. Les tout-petits, en pleine conquête de leur indépendance, découvrent peu à peu leur pouvoir. Ils doivent tester sans cesse nos limites, poussant jusqu’à ce qu’ils découvrent ce qui nous fait réagir, et à quel point. Ce n’est pas de la « mauvaise conduite » : ils font simplement leur travail de petits explorateurs.


        Si l’on prend au pied de la lettre les demandes appropriées à l’âge de nos tout-petits, on pourrait être tentés de penser : « Mon enfant a manifestement un besoin urgent de moi et ne peut pas jouer seul ! » En tant que parents, nous pouvons également hésiter à affirmer nos propres besoins ou désirs, de peur de confronter les émotions intenses de notre enfant. Dans ces deux cas, nous risquons de « désapprendre » à nos enfants l’art du jeu autonome.

 

 

  1. Apprendre une façon moins intrusive de jouer ensemble

      Lorsque nous nous asseyons tranquillement et sommes passifs, mais réceptifs et attentifs à nos enfants pendant qu'ils jouent, ils se sentent tout aussi nourris par notre compagnie que lorsqu'ils sont activement impliqués. C'est une expérience profondément gratifiante pour les enfants de pouvoir retenir notre intérêt sans avoir à le demander ou à travailler pour cela. Sans un mot de notre louange, notre appréciation est palpable.

            Lorsque les adultes jouent avec les enfants de manière conventionnelle, nous finissons presque toujours par diriger, dominer ou du moins modifier quelque peu le cours de l'action. Nous avons également tendance à "accrocher" les enfants à notre participation, ce qui rend leur transition vers le jeu en solo un concept plus difficile, presque étranger.

Apprendre à être un "supporter" de jeu plutôt qu'un camarade de jeu demande de la pratique, implique une observation sensible, une ouverture d'esprit, l'acceptation et, surtout, de la retenue (surtout pour ceux qui sont plus enclins à faire que regarder). Mais une fois que nous avons acquis cette compétence, c'est une expérience incroyablement relaxante, satisfaisante et zen.

 

Comment et quand devrions-nous réagir pour ne pas interrompre le jeu autonome de nos enfants ?

       

Nous pouvons simplement prendre des indices de nos enfants et leur faire confiance pour demander notre aide, ce qu'ils font généralement en nous regardant ou en s'exprimant verbalement. Nous répondons ensuite en expliquant brièvement ce que nous avons observé, en utilisant la technique de la narration ou du "sportscasting".

Par exemple, si notre enfant empile des blocs et que la tour s'effondre, il est préférable de ne rien dire si elle ne regarde pas vers nous ou de supposer que ce n'est pas un problème. Si elle nous regarde ou si nous entendons une plainte, nous pouvons alors utiliser la narration ou le "sportscasting" en disant : "J'ai vu que les blocs sont tombés quand tu as essayé de mettre le bloc rouge en haut."

 

Et si mon enfant demande de l'aide ?

Dites jamais “non” à une demande d’aide, mais posez de nombreuses questions et intervenez le moins possible. Prenons l’exemple de la tour de blocs : vous pourriez vous approcher de votre enfant et lui demander :

“Que cherches-tu à faire?”

“Je veux construire une tour.”

“Tu as empilé les blocs bleus et jaunes ici, quel bloc vas-tu utiliser ensuite ?”

“Celui-là.”

“D’accord, voyons comment tu vas placer ce bloc vert sur le dessus du bloc jaune…”


Généralement, ce type de soutien est tout ce dont les enfants ont besoin.

 

  1. Fixez des limites avec confiance, honnêteté et respect

« Je me sens presque comme si nous étions en train d’adopter une approche de la dure réalité, où je devrais imposer un temps de “jeu indépendant” chaque jour pour qu’il apprenne enfin à jouer seul. »


Si l’on pouvait vraiment forcer le jeu indépendant, cela irait à l’encontre de tout le principe même du jeu. Le jeu n’est pas du jeu s’il n’est pas choisi librement. Toutefois, il est de notre responsabilité de quitter notre rôle de “directeur de divertissement”, de nous occuper de nos tâches personnelles, etc. Et je ne considère certainement pas cela comme une « dure réalité ». L’enfant qui pleurniche en disant : « Maman, joue avec moi, maman, quand peux-tu jouer ? » ne fait qu’exprimer son besoin, cherchant à comprendre nos limites. En retour, notre rôle consiste à :

 

  • Être clair et projeter de la confiance : « Je vais faire des choses dans la cuisine. » (N’oublions pas que nos enfants ne peuvent se sentir à l’aise de se séparer que si nous sommes à l’aise nous-mêmes.)
  • Offrir un choix, si possible : « Veux-tu m’aider à éplucher le maïs ou préfères-tu jouer dans ta chambre ? »
  • Reconnaître les sentiments et les désirs : « Je sais que tu veux que je continue à jouer avec toi, et je vois à quel point tu es déçu. Nous pourrons le refaire après le dîner. »
  •  Instaurer des moments de jeu indépendant réguliers pour que la séparation devienne plus facile à accepter pour ton enfant.
  • Fournir à ton enfant un espace “OUI”, un environnement de jeu 100 % sécurisé avec des jouets ou des objets ouverts (open-ended toys) qui lui permettent d’explorer et de jouer de manière autonome.

 

         3. Encouragez le jeu le plus actif mentalement possible

 

Plus les enfants passent de temps dans un mode passif et réceptif, moins ils développeront les compétences nécessaires pour jouer de manière indépendante. Ainsi, il est important de :

Éviter l’utilisation excessive des écrans ou de la limiter au strict minimum.

Proposer des jouets simples et des objets qui stimulent un jeu actif et créatif.

Ne pas imposer d’activités de jeu précises, mais plutôt attendre que les enfants créent les leurs.

Ne pas craindre l’ennui, car c’est souvent dans ces moments-là que leur imagination peut vraiment s’épanouir.

Accepter que ce que les enfants choisissent de faire (ou de ne pas faire) soit tout à fait suffisant.

 

Souvenez-vous de ces règles d'or de la parentalité :

Plus nous intervenons (ou les jouets interviennent):

Moins notre enfant agit par elle-même.

Plus elle pense qu’elle a besoin de nous (ou des jouets) pour accomplir les choses à sa place.

Moins elle développe confiance, autonomie, créativité et épanouissement.

 

En résumé, La santé émotionnelle de nos enfants en dépend. Grâce au jeu, les bébés développent naturellement leurs capacités physiques et cognitives, exercent leur imagination, stimulent leur créativité, renforcent leur résilience et construisent une identité solide. Le jeu est le moyen par lequel ils apprennent le mieux. Mais comment nourrir cet élan inné ? À quel âge commence le jeu ?


Le jeu autonome débute dès qu’un nourrisson passe un moment d’éveil confortable dans une position qui lui permet de bouger librement. Dès leur naissance, les bébés sont prêts à jouer. Notre rôle consiste simplement à le reconnaître, à l’encourager et à leur faire confiance.


Dans son ouvrage Smart Moves: Why Learning Is Not All in Your Head, la neurophysiologiste Carla Hannaford explique que, dès la petite enfance, le mouvement joue un rôle fondamental dans la formation des réseaux neuronaux qui constituent la base de l’apprentissage. Elle souligne que l’activité motrice, en activant les connexions neuronales à travers tout le corps, fait de celui-ci un véritable instrument d’apprentissage, et pas seulement le cerveau.


Il est souvent difficile de faire confiance aux nourrissons pour jouer de manière autonome, pour être ces « initiateurs, explorateurs et autodidactes » que Magda Gerber nous encourage à voir en eux. Nous craignons de ne pas en faire assez. Comment de si jeunes enfants pourraient-ils déjà être capables de faire des choix, d’expérimenter l’autonomie, de maîtriser de nouvelles compétences ? Pourtant, si nous les observons avec attention, en restant à l’écoute de leurs besoins physiques et émotionnels, nous constatons qu’ils initient d’eux-mêmes des moments de jeu, d’abord brefs, puis de plus en plus longs. Nos bébés savent instinctivement nous signaler lorsqu’ils ont atteint leur limite d’indépendance et qu’ils ont besoin de notre présence.


Si nous voulons encourager le jeu, nous devons faire un véritable acte de foi : leur accorder notre confiance dès le départ.

 

 




 

Back to blog

Leave a comment